En novembre, Jean-Luc Mélenchon avait vertement reproché à Capital de s’intéresser à son patrimoine et en particulier à la façon dont il avait acquis (puis revendu) sa permanence parlementaire à Massy, dans les Hauts-de-Seine, en mobilisant son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), soit 6.109,89 euros versés chaque mois en plus de son salaire de sénateur.
«Une histoire vieille de vingt ans», ironisait-il sur les réseaux sociaux.
Avant de préciser, préventivement, qu’il avait réalisé une « confortable plus-value ».
Il ne mentait pas.
Selon les documents disponibles à la publicité foncière que Capital s’est procuré, l’ex-sénateur de l’Essonne a réalisé 182 409 euros de plus-value sur la vente de cette permanence (en tenant compte de l’inflation).
Il avait en effet acquis cette maison de ville, rue Gabriel Peri à Massy, en 1997 pour 80 000 euros (400 000 francs à l’époque), avant de la revendre 262 409 euros en 2011 (245 000 euros de l’époque). Une belle opération puisque, sur cette période, le prix de l’immobilier à Massy a doublé et non triplé. Certes, l’élu a dû effectuer des travaux pour transformer ces locaux, précédemment occupés par une petite entreprise de peinture, en bureaux.
Sauf que, de son aveu même, Jean-Luc Mélenchon ne les a que très partiellement financés.
Dans un billet sur son blog consacré à notre méchante curiosité, il avait expliqué : «Le coût des travaux (cloisons, blindages des vitres, couloirs de circulation, percement du mur central, câblages) les fluides, le nettoyage et le reste de l’entretien a été partagé entre les usagers», indiquait-il.
En l’occurrence, il y avait six occupants.
Cette opération montre, si c’était encore nécessaire, combien l’ancien système de financement des activités politiques était malsain.
Et Jean-Luc Mélenchon – successivement sénateur, ministre et député européen sur la période concernée - ne brillait pas plus que d’autres par son exemplarité.

Dans cette histoire, la confusion est totale : entre argent public (les indemnités de frais de mandat) et patrimoine privé ; entre activité militante (M. Mélenchon hébergeait notamment dans sa permanence la section locale du PS) et mandat de représentation nationale ; entre activité politique et patrimoine privé (le PS, un camarade député, des élus locaux et un journal ont donc contribué à rénover un bien propriété de M. Mélenchon).
Ces pratiques, qui concernaient de nombreux parlementaires, ne peuvent en principe plus avoir cours. Désormais, l’achat de sa permanence est interdit par les assemblées.
Et les indemnités de frais de mandat, dont l’utilisation était bien opaque, ont été remplacées par des notes de frais sur justificatifs – un système loin d’être totalement transparent, comme le relèvent les associations citoyennes, mais qui témoigne au minimum d’une exigence de moralisation de la pratique politique. C’est un premier pas, pour revenir à la réalité.
Comme dans la vraie vie de beaucoup de Français.

Actualisation 15.12.17 : Comme il en a pris l'habitude, c'est via son blog que Jean-Luc Mélenchon a tenu à répondre à nos informations.
"Cet article affirme que j'aurais utilisé de l'argent public pour acquérir ma permanence parlementaire à Massy, ce qui est faux" explique le leader de la France insoumise.
Et de renvoyer à l'un de ses précédents billets où il expliquait avoir "payé cash l’acquisition du local. Sans un centime d’IRFM…"
Capital l'a déjà expliqué : l'argument est connu.
Il a été utilisé par plusieurs parlementaires qui avaient eux aussi acheté leur permanence et fait une opération immobilière.
Comme l'utilisation de IRFM (censée couvrir les frais de mandat et en particulier de permanence) n'était soumise à aucun justificatif d'aucune sorte, la distinction entre argent privé et argent public est en l'occurence de pure forme.

  A lire aussi : Le Média : le financement trompeur de la webtélé des amis de Mélenchon

Olivier-Jourdan Roulot et Christophe David

 En vidéo - Jean-Luc Mélenchon galère à justifier son patrimoine dans l’émission politique

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