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lundi 6 novembre 2017

Terrorisme. A Rennes, la fondation FACE propose des formations à la sécurité ferroviaire à… des détenus islamistes [exclusif]

 
 


06/11/2017 – 06h00 Rennes (Breizh-info.com) –


 «La lutte contre le terrorisme islamiste» doit être « la première » des priorités, et ce afin d’« assurer la sécurité de nos concitoyens », déclarait Emmanuel Macron le 29 août dernier devant près de cent vingt ambassadeurs, réunis à l’Élysée (Le Monde, 29/08/2017).
 

 Derrière ces belles paroles, quelle est la réalité sur le terrain ?
Une note confidentielle, dont nous avons eu connaissance, met en évidence les tentatives d’islamistes radicalisés détenus à Rennes pour occuper des postes clés dans la sécurité ferroviaire.
Avec le concours pour le moins  naïf d’une fondation reconnue d’utilité publique…
Édifiant.

Les transports ferroviaires dans le collimateur des terroristes islamistes

«En raison d’une incitation récente de la propagande djihadiste à planifier un déraillement de train, une attention particulière doit être accordée à toute remontée d’information relative à une intrusion ou une tentative de sabotage dans les entreprises dédiées à la circulation des trains» : cet avertissement est extrait d’une note confidentielle de 7 pages rédigée début septembre par la Direction générale de la Police nationale que Le Parisien (16/09/2017) a pu consulter.
Selon le quotidien, la note « souligne les aspects inquiétants de cette «propagande djihadiste des trois derniers mois» qui insiste sur la fabrication des engins explosifs «restitués dans des tutoriels», qui appelle ses soldats «à gagner la confiance des mécréants en dissimulant sa radicalisation», et qui donc incite «les loups solitaires» à provoquer «en Europe» «déraillements de trains, incendies de forêt ou empoisonnement de nourriture».
Les plus hautes instances policières confirment ainsi dans cette note que «les menaces d’attentats restent très élevées» en France et en profitent pour adapter le plan Vigipirate à l’actualité de cette rentrée. »
Si incontestablement les services de l’État en charge de la sécurité sont mobilisés pour lutter contre le terrorisme islamiste, de nombreuses failles existent encore sur le terrain.
Des failles dues en particulier à l’inconscience de certains acteurs sociaux. Ainsi une note confidentielle signale que des détenus de la centrale de Rennes-Vezin considérés comme dangereux peuvent se porter candidats pour suivre des formations permettant de devenir « annonceur sentinelle » – un poste clé de la sécurité ferroviaire – par l’intermédiaire de la fondation Agir contre l’exclusion (FACE).
 
FACE, une fondation pour lutter « contre toute les formes d’exclusion, de discrimination et de pauvreté »

Créée en 1993 à l’initiative de 13 grands groupes français (16 à ce jour) réunis par Martine Aubry, ex-directrice adjointe du groupe Pechiney, FACE est reconnue d’Utilité Publique en 1994 et « Fondation abritante » en 2013.
Selon ses dires, FACE « œuvre en faveur de l’engagement social et sociétal des entreprises pour lutter contre toutes les formes d’exclusion, de discriminations et de pauvreté, par une approche globale et innovante de la Responsabilité Sociale/Sociétale des Entreprises (RSE). »
FACE indique qu’elle rassemble plus de 5600 entreprises de toutes tailles et qu’elle travaille en collaboration avec l’ensemble des parties prenantes concernées par sa mission d’utilité publique (institutions, associations, personnalités qualifiées, chercheurs, etc.). FACE est présidée depuis 2008 par Gérard Mestrallet, président du conseil d’administration d’Engie.
 
La filiale rennaise de la fondation FACE  regroupe de son côté près de 500 entreprises locales et nationales.
Se définissant comme un « interlocuteur privilégié de la puissance publique sur les questions de responsabilité sociale et sociétale », Face Rennes était dirigée par Mustapha Laabid jusqu’à son élection  en juin 2017 comme député (LREM) de Rennes sud.
Siègent au conseil d’administration des représentants de la SNCF, de La Poste, de Manpower, Engie, Groupama, Adecco etc.
 
« Annonceur sentinelle » ? Un poste ultra sensible de la sécurité ferroviaire

L’annonceur sentinelle est l’agent chargé de surveiller et de signaler l’approche des circulations sur le réseau ferré national dans les conditions prescrites par l’agent sécurité du personnel (au sens du Décret du 30 juillet 2003).
Il est chargé d’annoncer les trains traversant des zones de travaux ferroviaires et assure la sécurité des chantiers.
Un poste hautement sensible donc, pour lequel il est obligatoire de satisfaire à des conditions d’aptitudes physiques (vue, ouïe) mais aussi psychologiques.
L’agent doit être exempt d’affections susceptibles d’altérer la vigilance, la concentration et le comportement.
Par contre, la présentation d’un extrait de casier judiciaire n’est à priori pas requise pour les candidats à la formation ou à l’emploi d’annonceur sentinelle…
 
Détenus islamistes au casier judiciaire chargé ? Apparemment pas de problème pour FACE 
 
Dans le cadre du dispositif destiné à favoriser l’insertion des détenus, l’administration pénitentiaire organise des forums pour l’emploi.
Très bonne idée.
Or il se trouve – simple hasard ? – que la formation d’annonceur sentinelle « semble assez prisée des détenus pour quatre raisons : une formation rapide, un salaire élevé, la garantie de trouver un emploi rapidement et surtout, précise la note, il n’est pas nécessaire d’avoir un B1 [Le bulletin n° 1 est un type d’extrait de casier judiciaire qui inclut l’ensemble des condamnations et décisions portées au casier judiciaire. Ndlr] vierge.
A Rennes, FACE propose une formation intensive et gratuite de 140 heures.
Chaque promotion compte 12 personnes que la fondation adresse ensuite aux entreprises qui recrutent.
Ces entreprises ne demandant pas [d’extraits de casier judiciaire], FACE n’en demande pas non plus. Résultat : chaque session comporte au moins une personne qui est passée ou qui est encore en détention. »
 
Au centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, certains détenus invités par FACE à passer les tests et intégrer une formation d’annonceur sentinelle « sont suivis au titre de la radicalisation par le GED 35, nous dit la note. C’est le cas de Medhi X et de M’Baye X ».
Medhi X, 22 ans, a réussi les tests pour intégrer une formation d’annonceur sentinelle.
Petit détail : il a déjà 11 mentions à son casier judiciaire, notamment pour apologie du terrorisme.

 Lors d’un entretien avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), l’homme a pourtant déclaré « qu’il passera à l’acte dès sa sortie, qu’il a fait connaissance avec des personnes appartenant au grand banditisme à la maison d’arrêt des Baumettes de Marseille, qu’il bénéficierait de leur aide pour créer des incidents de grande ampleur qui apparaîtront dans la presse. ».

Selon la note, « il se montre particulièrement virulent, menaçant à l’égard des juges dont il jure, sur le Coran, de se venger ».

Cela ne l’empêchera pas d’être convoqué à deux reprises par le FACE de Rennes, en avril et mai 2017, pour passer des tests de présélection et un entretien de motivation afin d’intégrer une formation d’annonceur sentinelle-sécurité ferroviaire.
Suite à l’intervention de différents services – parquet, cellule interrégionale de renseignement pénitentiaire, la note précise que « le projet de Medhi X de devenir annonceur sentinelle n’est plus d’actualité ». On respire…
Pas de chance non plus, heureusement, pour la vocation « sécurité ferroviaire » de M’Baye X. Incarcéré à Rennes Vezin pour purger une condamnation à 8 ans d’emprisonnement pour violence avec usage d’une arme en récidive, condamné à plusieurs reprises, suivi au titre de la radicalisation, l’homme s’est vu proposer  sans problème par la fondation FACE une formation d’annonceur sentinelle.
Le SPIP émet également un avis très favorable à une permission de sortie de 5 heures, estimant que « le signalement dont il est l’objet ne trouve pas de raison d’être en détention».
 « Pourtant, remarque l’auteur de la note, depuis son signalement en 2014, X. n’a jamais cessé d’être suivi au titre de la radicalisation. Cultivé, influent, intelligent, son attitude lisse semble ne pas tromper les professionnels du renseignement qui n’ont aucun doute sur sa radicalisation. »
Il faudra l’intervention du parquet de Rennes contre la décision du juge d’application des peines autorisant la sortie, pour que X ne passe pas les tests préalables à l’intégration d’une formation « annonceur sentinelle ».
 
Pour FACE tous les détenus sont bons pour le service sécurité ferroviaire…

D’autres détenus, non suivis au titre de la radicalisation islamiste mais qui sont très loin d’être des enfants de chœur, sont recrutés sans problème par la fondation FACE.
Ainsi S. X., incarcéré pour détention d’arme et trafic de drogue, réussira les tests de sélection à la formation d’annonceur sentinelle.
« En septembre 2017, FACE indique au SPIP que l’intéressé va être embauché comme annonceur sentinelle », nous dit la note. Pas de quoi rassurer les usagers des trains.
Autre cas : celui de Samir X, condamné pour violence commise en réunion et vol en réunion, vol en bande organisée avec armes et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine.

Notre homme a déjà travaillé 18 mois en tant qu’annonceur sentinelle pour une entreprise spécialisée dans la sécurité ferroviaire.

« En contact avec FACE depuis plusieurs mois durant sa détention, l’association FACE espère l’intégrer à la session de formation en novembre 2017 », précise la note.

Un laxisme qui interroge

Conclusion de l’auteur de ce document : « Le fait que certains détenus suivis au titre de la radicalisation, que ce soit au niveau local par l’établissement pénitentiaire, au niveau interrégional par la cellule interrégionale du renseignement pénitentiaire (CIRP) ou encore par la DGSI, se voient proposer et autoriser à suivre une formation et donc accéder facilement à un emploi dans le domaine de la sécurité ferroviaire sans aucune vérification de leur passé judiciaire et leur éventuelle inscription au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) interroge ».

Effectivement.
 
Crédit photo : DR Breizh-info.com  , 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.

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