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jeudi 12 octobre 2017

Retraités : vaches à lait avant d’être mis à la casse ?


 

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Le 12/11/2017
Philippe Kerlouan
                
On en viendra bientôt à décréter que les retraités coûtent trop cher…

Emmanuel Macron a récemment affirmé que « les pauvres d’aujourd’hui sont souvent moins les retraités que les jeunes » : histoire de justifier que lesdits retraités subissent, sans aucune compensation, une hausse de la CSG.
Il faut bien que ces nantis fassent preuve de solidarité avec les générations suivantes qui, de surcroît, paient leurs retraites !
Des études sont opportunément publiées pour montrer combien ils sont plus riches que les actifs. Vont-ils devenir les vaches à lait de Bercy ?
Le gouvernement assure que les petites retraites seront épargnées.
Rappelons-lui, au cas où il l’aurait oublié, qu’elles sont déjà dispensées de CSG ou bénéficient d’un taux allégé de 3,8 %.
Mais les autres, ceux dont la pension dépasse les 1.200 ou 1.300 euros mensuels, quel sort leur sera réservé ?
Eh bien, ils paieront plein pot !
De quoi se plaignent-ils, eux qui vivent aux dépens des actifs ?
Ne serait-il pas temps d’inventer un impôt sur la fortune spécifique à ces parasites ?
Les arguments avancés pour justifier cette ponction sont nombreux.
Selon une enquête de BFM Business, les retraités auraient un niveau de vie supérieur à la moyenne, ils seraient plus souvent propriétaires de leur logement et achèteraient plus de voitures neuves ; ils disposeraient d’un patrimoine financier plus important, partiraient plus souvent en vacances, ont déjà bénéficié d’un héritage et font moins de dépenses de consommation subies.
Chacun jugera de l’élégance du procédé qui consiste à monter une catégorie de Français contre une autre : après la lutte des classes, la lutte des générations !
Mais cette argumentation des rapaces ne tient pas la route.
Il est évident que les retraités sont plus souvent propriétaires de leur logement et disposent parfois d’un patrimoine plus élevé que des jeunes qui débutent.
Ou qu’ils héritent tardivement de leurs parents, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, et, sauf donations de leur vivant, n’en font pas profiter leurs enfants.
Mais faut-il le leur reprocher ?
Va-t-on rétablir une taxe, qui exista en France de 1914 à 1965, correspondant aux prélèvements sociaux que paieraient les propriétaires s’ils étaient locataires ?
Ce n’est pas une lubie : en août 2012, le think tank Cartes sur table a suggéré cette mesure au pouvoir socialiste et l’idée en revient régulièrement.
Ainsi, fin 2016, une note de l’OCDE et un rapport de France Stratégie, laboratoire d’idées public, évoquent à nouveau cette piste.
Gageons que, le moment venu, elle reviendra sur le tapis.
On omet de signaler, dans cet argumentaire sur le bien-être des retraités, qu’en achetant des voitures neuves ou en partant en vacances, ces prétendus privilégiés participent à la relance économique.
On oublie que les retraités, même quand ils ont une pension modeste, aident souvent leurs enfants et petits-enfants.
Sans compter la contribution bénévole de beaucoup d’entre eux à des associations.

Il est sans doute normal que les retraités prennent leur part dans l’effort de solidarité nationale, mais ni plus ni moins que les autres.
Ils ont satisfait à cette obligation pendant toute leur carrière active et continuent de le faire en payant des impôts.
Il est scandaleux de les présenter comme des nantis.
Avec ce genre de philosophie, on en viendra bientôt à décréter que les retraités coûtent trop cher, qu’il faut réduire leurs remboursements de santé, voire ne plus les soigner à partir d’un certain âge ou les inciter à l’euthanasie, sous prétexte qu’ils s’obstineraient à constituer une source de dépenses et une charge improductive pour la société.

On ne serait pas loin du monde décrit dans le film Soleil vert (1974), où les personnes déclarées socialement inutiles et les parias sont éliminés au son de la Sixième Symphonie de Beethoven.

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