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jeudi 21 avril 2016

Champagne : les vendanges 2016 compromises par une directive absurde ?

 


Le 21/04/2016


On a privé les récoltants de fruits d’une main d’œuvre vigoureuse parce que des crétins ne veulent pas que les jeunes gens montent à l’échelle.


Quand ce n’est pas Bruxelles, c’est tout simplement le Code du travail français.
Qui est peut-être la sur-application d’une directive de l’Union européenne.
Pondue par des gratte-papier qui n’ont jamais mis les pieds dans une ferme, encore moins dans un verger ou entre deux rangs de vigne.
On a ainsi privé les récoltants de fruits d’une main-d’œuvre vigoureuse parce que des crétins ne veulent pas que les jeunes gens montent à l’échelle.
Ils craignent pour leur vie, des fois qu’un peu d’exercice les ferait souffrir.
Ils préfèrent y voir grimper des hommes (ou des femmes) fourbus par des décennies de labeur.
Chez les crânes d’œuf, on préfère la fracture du col du fémur à la foulure.
Aujourd’hui, les vignerons sont dans la ligne de mire.
Ceux de Champagne, particulièrement.
J’explique.
 
Le vignoble champenois a cette particularité que les vendanges y sont faites exclusivement à la main.
 Pas question d’introduire la mécanique entre les ceps.
Il faut donc, à l’automne, beaucoup de bras pour tenir les sécateurs et l’on voit chaque année arriver des milliers de joyeux vendangeurs entre Reims et Épernay.
Et tout comme il est de tradition de vendanger à la main, il est de tradition d’accueillir les vendangeurs dans les maisons, où on leur offre le gîte et le couvert.
Grandes tablées et grandes nuitées.
 Pas des nuits debout comme les glandeurs de la République, mais couchés dans des dortoirs après des journées harassantes.
Oui mais voilà, les crétins plus hauts cités se sont avisés que les chambrées n’étaient pas assez confortables.
 Un obscur décret du Code rural daté de 1995 et signé par Alain Juppé a donc décidé qu’il fallait réformer tout cela pour offrir à chaque ouvrier « une chambre de 9 mètres carrés pour le premier occupant et 7 mètres carrés par occupant supplémentaire, avec un maximum de 6 personnes par chambre ».
Jusqu’à ce jour, les vignerons champenois disposaient d’une dérogation leur permettant de loger leurs ouvriers dans des espaces de 4,5 mètres carrés et des dortoirs pour 12 personnes.
Horreur et putréfaction !
Comment ose-t-on !
 À bas le patronat esclavagiste et ses cadences infernales, à bas la promiscuité des dortoirs, honte aux vignerons champenois !
Bref, l’Inspection du travail a décidé d’en finir avec cet odieux passe-droit.
 Désormais, c’est 9 m2 ou rien !
Et pour les récalcitrants qui ne se seraient pas mis fissa aux normes, kolossale amende (plusieurs centaines d’euros par personne) !
Vous devinez la suite : devant l’impossibilité (notamment financière) de se mettre aux normes (pour dix jours par an !), ça va être la débrouille : appel à des prestataires qui fourniront la main-d’œuvre nécessaire… laquelle dormira n’importe où : camping sauvage dans les vignes, vendangeurs dormant dans leur voiture, etc.

Comme l’explique David Chatillon, directeur général de l’Union des maisons de champagne (UMC) à L’Aisne nouvelle : « Depuis des années, les gens du voyage affluent à l’époque des vendanges. Personne ne va s’inquiéter du nombre qu’ils sont dans leurs caravanes. Nos habitués, avec lesquels le travail se fait en confiance, ne comprennent pas qu’on puisse les remplacer par des travailleurs étrangers. »

Estimations faites, on pense qu’il pourrait manquer quelque 8.000 vendangeurs en Champagne à l’automne prochain.
L’UMC a chiffré à 3 millions d’euros les pertes de cotisations sociales pour l’État français.
Une bagatelle…


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