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dimanche 27 avril 2014

Que penser de l’affaire Morelle ?

      Par / le 23 avril 2014 à 1:33 /
        
 
Il est patent qu’Aquilino Morelle est avant tout un homme ayant vécu de la politique et en a largement profité.

A l’origine il est la « plume » de Jospin.
 Il se trouve propulsé à la tête d’une des Commissions de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS).
 Il sera notamment chargé des rapports sur le sang contaminé et le Médiator.
 Il lui est reproché d’avoir rédigé un rapport pour le laboratoire danois Lundbeck spécialisé dans les maladies du système nerveux.
Pour ce travail il a été payé 12.500 euros.
Mais surtout Morelle était conseiller technique en charge du médicament. Ce qui lui permet bien sûr d’approcher de très près un certain nombre de laboratoires dont il fait le lobbying.
 En récompense, il se fait rémunérer pour divers services.
Il faut comprendre que c’est l’IGAS qui donne les autorisations de mises sur le marché des médicaments (AMM) et qui fixe le taux de remboursement de ceux-ci.
Il va de soi que les laboratoires pharmaceutiques sont en contact avec des responsables de l’IGAS.
La tentation des laboratoires est de les soudoyer ;
et la tentation de ces responsables est tout autant de se laisser soudoyer.
Ce qui est appelé du nom de « conflit d’intérêt ».
 Mais les sommes qui sont en jeu n’ont rien à voir avec 12.500 euros.
Une somme d’argent de cette nature permettait à Morelle tout juste de payer le cirage de ses pompes.
 Il est bon de savoir par exemple qu’un médicament comme le Lexomil a rapporté au laboratoire qui l’a mis au point plus de 10.000 fois son coût d’investissement.

Avec le temps se sont créés des cabinets ayant pour but de négocier entre les labos et l’IGAS.
En réalité, ce sont des hommes politiques qui les tiennent, comme Mme Barzac, ancien ministre de la santé, ou Cahuzac, qui ont gardé des connexions avec les fonctionnaires de l’IGAS ; ils peuvent se faire « arroser » par les labos puis « arrosent » à leur tour au bon endroit pour faire émerger les dossiers.

Mais les dessous de table sont colossaux.
 Ce sont des millions d’euros qui circulent.
Les heureux profiteurs du système doivent « blanchir » cet argent.
En général, ils le planquent à l’étranger.
 
Certes Morelle n’aurait pas dû se lancer dans une expertise pour laquelle on pouvait considérer qu’il était juge et partie ; ceci sans en avoir référé aux autorités.
 Mais en réalité ce n’est que peccadille.

 Médiapart y va très fort en disant que Morelle, conseiller personnel de Hollande (Sérillon avait été viré) travaillait au profit de labos qu’il était censé contrôler.
Etant conseiller de l’IGAS pour le médicament, il était dans une position stratégique dont il pouvait profiter à l’envi.
Ce pour quoi Hollande l’a viré du jour au lendemain ; si bien que l’intéressé lui a déclaré « Tu m’abandonnes! Alors qu’il y a des chiens qui courent après moi, tu m’abandonnes. Tu es vraiment un salaud ! » Passons !
 
Le fond de la question est le suivant.
 Ce rapport cache peut-être en réalité une affaire de type Cahuzac.
Morelle a-t-il usé de son influence pour faire admettre l’autorisation de mise sur le marché ou la fixation du prix de médicaments dans le cadre de l’IGAS ?
 
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique vient de diligenter « une étude plus approfondie des déclarations d’intérêts et de patrimoine » du conseiller personnel de Hollande.
De son côté la justice enquête.

 En filtrant le moucheron, elle cherche et peut bien trouver un dromadaire.

C’est de cela dont Hollande a une peur terrible.

 Si c’était le cas il en serait terminé de sa carrière politique.
Jean-Pierre Dickès


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