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jeudi 13 juin 2013

« Mes excuses aux policiers »

      
Le jeune d’extrême gauche qui a gazé deux policiers lors d’une manifestation samedi au centre de Nancy, a échappé à la prison requise contre lui.

«Je présente mes excuses aux deux policiers. Je suis prêt à réparer mes erreurs. Je regrette beaucoup ».

Tête baissée, l’œil vissé sur ses baskets, Benoît G. fait profil très bas devant le tribunal correctionnel de Nancy.
 En tenue de sport et de marque, ce maçon de 31 ans à l’allure de jeune homme inoffensif semble coincé dans une affaire trop lourde pour ses épaules. Il affiche un air contrit.
 Il semble prêt à tout pour revenir en arrière. Pour rembobiner le film de la manifestation qui s’est déroulée place Stanislas, samedi, en hommage à Clément Méric, le jeune militant d’extrême gauche tué à Paris.
Benoît G. est venu exprès de Montigny-lès-Metz où il habite. Il jure qu’il n’a pas fait le voyage pour en découdre. Que ce soit avec les policiers ou avec des militants d’extrême droite. « Je ne suis pas quelqu’un de violent et je manifeste rarement. Juste quand il y a une tragédie », se défend-il.

Policier touché aux yeux

Un échange de SMS avec des amis quelques heures avant la manif montre que ses intentions étaient loin d’être aussi pacifiques. « Je prends des grenades et une kalachnikov », a-t-il écrit. « C’était de l’humour », tente-t-il de nuancer, ce mardi, à la barre.
Il est exact qu’il n’avait pas d’arme à feu et encore moins des explosifs. Mais lorsque la manifestation a dégénéré, il a sorti une bombe lacrymogène. Les manifestants d’extrême gauche, environ 170, jouaient à ce moment-là au chat et à la souris avec la police. Ils essayaient de rallier la place Saint-Epvre pour aller faire le coup-de-poing avec un groupuscule d’extrême droite et les policiers tentaient de les en empêcher.
Dans une rue, une partie des manifestants s’est retrouvée face… à deux policiers isolés.
 Malgré le nombre, les jets de pierres et même de plaques d’égout, le duo a essayé de faire reculer la masse. Les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène. Benoît G. s’est alors détaché du groupe d’extrême gauche pour aller gazer à son tour les deux représentants des forces de l’ordre. L’un a pris du gaz lacrymogène dans les yeux. « Ce n’était pas très grave. Mais il a quand même eu mal », indique son avocat, Me Georges Dal Molin.
« J’ai perdu mon sang-froid car, avant, j’ai vu une amie prendre du gaz lacrymo dans la figure », se justifie le jeune manifestant qui s’attire les foudres du substitut du procureur, Pierre Jund : « On n’était pas place Tahrir et les policiers n’étaient pas en train de réprimer une manifestation. Ils étaient en train d’essayer de canaliser un rassemblement sauvage ». Le représentant du Parquet poursuit son impitoyable réquisitoire en interpellant le prévenu : « C’est un hommage à la violence et à la haine que vous avez rendu. Pas à Clément Méric ». Et de réclamer 5 mois de prison ferme.

« Pas un casseur »

Le manifestant venu de Moselle accuse le coup. Il n’est plus seulement repentant. Il est carrément effrayé à l’idée de se retrouver derrière les barreaux. « Je suis abasourdie par ces réquisitions », affirme également son avocate, Me Julie Richert. Elle assure que son client n’est « pas un meneur, ni un casseur ». Il n’était d’ailleurs « pas cagoulé », rappelle-t-elle. Ce qui a permis de l’identifier très vite.
« Il n’est même pas d’extrême gauche », ajoute Me Richert. C’est vrai que le prévenu n’est pas « carté » c’est-à-dire qu’il ne fait officiellement partie d’aucun groupe politique. Mais c’est vrai aussi qu’une dizaine de supporters, pas vraiment politiquement neutres, était venue le soutenir lors de son procès. Jugement : pas de
prison ferme. Du sursis. 4 mois.

Christophe GOBIN

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